8 conseils pour réussir un compost de qualité

Composter semble une activité des plus banales, pourtant fabriquer un bon compost demande un certain savoir-faire et de l’attention, c’est presque un art. Or, lorsque l’on débute un potager, on fait son compost sans trop se poser de questions de ce qu’il peut se passer dans ce tas de déchets. On les additionne, et quelques mois ou années plus tard on s’aperçoit que les végétaux ont disparus laissant place à du compost. En réalité les déchets sont passés dans les mains d’une faune incroyable : insectes, myriapodes, cloportes, vers rouges, mollusques, acariens, micro-organismes dont bactéries, moisissures, levures, micro-algues etc… Dans cet article vous allez voir que pour la majorité de ces 8 conseils, les actions qui favorisent la réalisation d’un bon compost favorisent en réalité la vie du compost. La création d’un compost est donc étroitement lié à sa faune.

1 Bien disposer le compost

La première chose à faire c’est de bien situer votre tas de compost. L’idéal est qu’il soit facile d’accès afin de déposer régulièrement vos déchets. Disposez-le sur de la terre et non pas sur du béton. Cette condition est essentielle car la faune du sol va remonter dans le tas de déchets pour transformer les matières organiques. De même il est préférable de le situer dans une partie ombragée.

2 Brassez votre compost (Aérer)

Une des clés de réussite d’un bon compost est une bonne aération. En effet l’action des microorganismes, insectes et vers doit se faire en condition d’aérobiose. C’est-à-dire qu’il faut de l’oxygène pour permettre aux bactéries et à la faune de vivre et décomposer les matières organiques. Lorsque les conditions sont mauvaises (matières trop tassées, excès d’eau), nous sommes en conditions d’anaérobiose (= privé d’oxygène) on aura une fermentation anaérobie qui va transformer les matières organiques carbonées en méthane (entre autre). Dans ce cas on ne pourra pas obtenir un compost de qualité.
Mon conseil : Si vous compostez en silo, a chaque fois que vous rajoutez des déchets mélangez-les à l’aide d’une fourche avec la partie supérieure du tas de compost. Compostez également des végétaux qui permettent d’aérer naturellement le compost (mettez par exemple des brindilles).

3 Pré-compostez

Si vous avez un grand jardin avec de nombreux déchets à composter, pré-compostez vos déchets. D’une part vous aurez les déchets riches en carbone (feuilles mortes, brindilles, paille, sciures etc…) et d’autre part les déchets riches en azote (déchets de cuisine, tontes de gazon, restes de cultures etc…). Mélangez dans un troisième tas ces deux types de déchets suivant une formule bien précise, c’est le point suivant.

4 Mélangez bien les matières

Mélangez toujours des végétaux riches en carbone avec des végétaux riches en azote. Pour aider les jardiniers on a déterminé un rapport afin de calculer les quantités de matières à composter suivant les végétaux. C’est le rapport carbone/azote, chimiquement le carbone est noté C et l’azote est noté N on le note donc C/N. Idéalement il doit se situer entre 25 et 35 dans le tas de compost. C’est à dire qu’il faut 25 à 35 fois plus de carbone que d’azote, ce qui correspond à un rapport optimal pour l’activité des bactéries et qui permet d’obtenir un compost bien équilibré (ni trop fin ni trop grossier).

Pour en savoir plus sur ce rapport C/N consultez le complément de cet article : Le rapport Carbone Azote pour composter. Vous trouverez également un tableau récapitulatif du rapport C/N de quelques matières du potager.

5 Corrigez éventuellement l’acidité (amender)

Il peut être utile de booster la dégradation des matières organiques carbonées (ex : cellulose) par les micro-organismes. Pour leurs apporter les bonnes conditions il est préférable d’avoir un milieu plutôt neutre. En réalité le pH (potentiel hydrogène : sert à mesurer l’acidité d’un milieu) varie en fonction de la maturité et du type de déchets du compost. Dans le cas ou les matières sont fortement acides (ce qui ne doit pas être le cas si on mélange bien les végétaux) le compost sera plutôt acide, il pourra alors être utile d’apporter du calcium pour remonter l’alcalinité du milieu. On peut par exemple apporter quelques poignées de craie ou du lithotame en poudre en cours de compostage.

6 Apportez juste ce qu’il faut en eau

L’eau est indispensable à la vie et le compost est un bouillon de vie. Que ce soit des bactéries, des moisissures, des algues, des insectes, des vers etc… Tous ces organismes ont besoin d’eau pour vivre et accomplir leur rôle dans votre compost. Pour simplifier Pas d’eau = Pas de compost. Mais attention, le manque d’eau est tout de même préférable à un excès d’eau. Le manque d’eau reste une situation assez rare, en effet l’eau se trouve dans la composition des déchets que vous compostez. Par contre l’excès d’eau implique une dégradation des matières organiques par les bactéries en conditions d’anaérobiose (privé d’oxygène), des composés comme du méthane vont être synthétisés; au final votre compost sera de moins bonne qualité.

Mon conseil : En été et à chaque fois que vous compostez des déchets assez secs, rajoutez quelques litres d’eau de pluie dans votre compost.

7 Protégez votre compost été comme hiver

En corrélation avec le point précédent, il est utile de couvrir le tas de compost pour éviter les excès d’eau qui peuvent avoir lieu avec les pluies orageuses par exemple. De même une bonne couverture évitera ou diminuera au moins les risques de lessivage des matières organiques fraichement décomposées. Citons également un effet accumulateur de température et de maintien des conditions idéales pour la faune du compost. Enfin en le protégeant cela vous évitera de trouver des graines adventices dans votre compost final.

Mon conseil : Pour couvrir utilisez soit des matériaux naturels (c’est préférable !) comme de la paille ou du foin qui n’a pas grainé. Ou bien une bâche plastique perméable à l’eau.

8 Retournez votre tas de compost

En compostant en tas vous pouvez observer que les premiers jours les températures du compost augmentent très fortement et peuvent  atteindre 70°C. Après deux semaines de compostage la température du compost redescend. Au moment ou la température redescend vers 30 à 40 °C retournez le tas. La première observation que vous allez pouvoir observer c’est une remontée de température. Il n’est pas nécessaire de retourner le tas complètement, ramenez les matières du dessus au centre du tas de compost. Les conséquences seront très bénéfiques :
– Destruction des éventuels pathogènes qui étaient en surface
– Destruction des graines adventices et autres
– Aération du compost (voir point 2)
– Accélération du processus de compostage

Pour conclure

J’espère que vous avez trouvé cet article utile et que vous l’aurez apprécié. Comme d’habitude n’hésitez pas laisser vos commentaires. Vous avez peut être observé que je publiais moins ces derniers temps, en effet l’approche puis très récemment l’arrivée d’un heureux évènement m’a fait revoir mes priorités. Rassurez-vous, je n’ai pas abandonné mon blog ! Donc voilà, je ne sais pas si ça se fait pour les articles, mais je voulais tout de même dédicacer celui-ci à ma fille, à Apolline.

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  • réussir son compost au potager
  • comment composter
  • favoriser la faune du compost

Ressources pour rédiger cet article :

Wikipédia, article sur le rapport C/N

A lire également

28 Commentaires

    1. Bonjour Gilles,
      Merci pour ton commentaire, ça fait plaisir
      Au passage très intéressant ton article sur le BRF, j’aimerais moi aussi me lancer, peut être juste une seule planche pour 2013.
      A bientôt,
      Aurélien

  1. Merci pour ton article, il est important que chacun pense au retour des nutriments au jardin et surtout au fait que le compost n’est pas qu’un tas disposé au fond du jardin qu’il faut brasser de temps en temps, il est en fait, la clé du jardinage durable.
    J’ajouterai simplment que ce munir d’un thermomètre à compost est plutôt judicieux. En permaculture, nous préconisons de ne pas dépasser les 55° degré au niveau du tas, de manière à ne pas perdre trop de matière (carbone, azote…) en dégagement gazeux…Merci encore

    1. Bonjour,
      Merci pour ton commentaire Benjamin et bienvenue sur mon blog (et désolé pour la réponse tardive)
      En effet c’est intéressant ce que tu dis. Aurais-tu des informations sur les quantités de matière qu’on pourrait perdre dans les dégagements gazeux ?
      A bientôt,
      Aurélien

  2. il est vrai que beaucoup débutant se pose la question de comment bien réussir
    son composte, que mettre au compostage
    ton article répond bien à ces questions
    merci pour cette article
    Amicalement Philippe

    1. Merci et bienvenue sur ce blog Philippe.
      Et oui c’est pas évident lorsque l’on débute, en général on entasse et on laisse faire, ça marchera de toute façon… mais ça prendra un peu plus de temps ;)
      A bientôt
      Aurélien

  3. bonjour, je suis italienne, pardonne moi si mon francais n’est pas bon….
    j’ai lu ce article avec beaucoup d’interet: je vais commencer en ce periode de faire mon compost et j’avais besoin de conseils. merci beaucoup…je vais te lire toujours

    1. Bonjour Daniela,
      Et bien, je suis content qu’on me lise de l’Italie et je suis ravi que cet article t’aide pour démarrer ton compost.
      Rassure toi il est plutôt bien ton français ^^
      A très bientôt
      Aurélien

  4. Hi

    Si tu enfouis dans ton compost ton bokashi de cuisine, ça donne de superbes résultats.

    Je cherche des contacts de gens qui font des recherches sur les composting toilet. Des plans à partager.

    merci

    d

  5. Il m’arrive d’arroser mon tas de composte et deux pourrissoirs avec ce nous appelons du « purin d’orties », en fait un mélange d’eau et d’orties coupées qui au bout de deux semaines de macération se transforme…le résultat dégage une odeur de lisier de porc que je nomme « soir de Paris »; lorsqu’il est répandu sur les débris végétaux, il en active la transformation. Le contenu du gros pourrissoir est toujours alimenté par les déchets végétaux passés au broyeur,ainsi déchirés ils offrent davantage de faces aux éléments vivants qui assurent leur transformation. Qu’en pense Aurélien ?
    Notre jardin dispose aussi de deux modèles différents de composteurs: l’un en forme de tronc de cône recouvert d’un couvercle et l’autre de forme carrée, très aèré, ce dernier me semble fonctionner moins rapidement. Ils sont essentiellement récepteurs des déchets de cuisine, mais aussi de jardin. Rien ne part à la poubelle de ce qui peut aller au composte!

    1. Bonjour,
      Merci pour votre commentaire.
      Très bien la julienne de végétaux avant le compostage, idéale même pour arriver à un résultat plus rapidement. Pour tout le monde, en cuisine pensez à couper les déchets en petits bouts avant de les composter. Au jardin si vous n’avez pas de broyeur, une serpe droite ou le fer de bêche permet déjà de bien réduire leur taille (et ça fait une bonne séance de sport).
      Les purins (ortie, consoude) sont bienvenues pour accélérer le compostage.

  6. J’ai un problème depuis 3 ans le compost est envahi par des mouches soldats et donc son lot monstrueux de larves qui génèrent une odeur très acide .Que faire ? Avez vous une solution ? Merci pour vos conseils

    1. Bonjour,
      Les mouches soldats sont actrices de la décomposition de la matière organique, il est normal d’en trouver, toutefois en ce qui me concerne je n’ai jamais été envahi.
      Comment compostez vous ?
      Je vous invite à laisser évoluer votre tas de compost à maturité complète sans ajouter de nouveaux « déchets ». Il vous faut donc un nouveau tas de pré-compostage. Ainsi une fois que les mouches et larves auront fini leur travail elles disparaitront dans le tas à maturité. Elles se déplaceront probablement en partie dans le tas de pré-compostage mais si vous avez un composteur vous pouvez le fermer pour empêcher qu’elles ne rentrent massivement.
      Aurélien

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