associations de fruitiers

Associations de plantes : fruitiers, petits fruits, fleurs et aromatiques

Je présente dans cet article le bilan des associations de fruitiers suite à l’article 8 nouvelles associations de plantes testées au jardin. Cet article est la seconde partie du bilan des associations concernant le verger et les petits fruits du potager. Pour le bilan des légumes, je vous invite à le consulter ici : Associations des légumes, fleurs et plantes aromatiques.

Associer les plantes est une technique avantageuse pour le jardinier et son jardin. Les bénéfices sont multiples, cela permet entre autre de :

  • Attirer les insectes pollinisateurs et les auxiliaires (ils régulent les ravageurs).
  • Repousser les ravageurs.
  • Fertiliser les plantes.
  • Protéger le sol de l’érosion.
  • Limiter les plantes adventices.
  • Augmenter les productions.

Pour commencer voici un tableau récapitulatif des associations testées cette année, de l’effet recherché et de mon appréciation pour chacune d’elle.

Associations Effet(s) recherché(s) Mon appréciation
Capucine – Poirier – Menthe Protection du poirier par la capucine et la menthe
Effet couvre sol par la capucine
Bonne
Groseillier – Ciboulette Empêcher la rouille du groseillier Bonne
Framboisier – Soucis Prévenir le dessèchement des rameaux des framboisiers Excellente
Vigne – Origan Repousser les ravageurs et maladies de la vigne Bonne
Fraisier – Bourrache Accentuer la pollinisation des fraisiers Mitigée

Poirier, capucine et menthe

Dans cette association de fruitiers avec des plantes aromatiques j’ai cultivé les espèces suivantes :

  • Deux poiriers ‘Conférence’ et deux  ‘William’
  • Menthe des cerfs (Preslia cervina) et menthe poivrée (Mentha piperata)
  • Capucine (Tropaeolum majus)

Les capucines et les menthes ont étés transplantées au mois de juin à proximité des poiriers. J’ai fais un apport régulier de paillis (restes de culture, adventices coupées) au pied des poiriers.

associations de fruitiers : poirier, capucine et menthes
Une mouche tachinaire, un insecte auxiliaire

Observations en cours de culture

J’ai pu observer qu’une assez bonne proportion de poires étaient arrivées saines à maturité. Les poires véreuses sont tombées naturellement (éclaircissage naturel). Les capucines et la menthe des cerfs ne se sont pas très bien développées contrairement à la menthe poivrée qui s’est bien installée. Lors de leur floraison les menthes ont attiré de nombreux insectes auxiliaires, dont les mouches tachinaires qui ont particulièrement appréciés la menthe poivrée.

Bilan et perspectives

Ces associations de fruitiers avec des aromatiques et fleurs est difficile à apprécier la première année. La floraison des menthes attire les insectes auxiliaires ce qui est un point positif pour la protection des poires. Le bémol est que la floraison de la menthe arrive trop tard pour prévenir les attaques de certains ravageurs du poirier dont le carpocapse. Il faudrait envisager une action plus globale et favoriser les auxiliaires qui régulent les carpocapses comme les mésanges. J’installerai des nichoirs au diamètre de 25 mm pour qu’elles puissent nicher.

En ce qui concerne les capucines, l’effet recherché était surtout d’avoir un effet couvre sol (en plus d’abriter les auxiliaires). Ceci n’a pas du tout fonctionné durant l’été, il a fallu attendre cet automne pour qu’elles commencent à mieux se développer. J’ai volontairement laissé les graines de cette année à même le sol, puis j’ai recouvert d’un peu de terre et d’un léger paillis afin qu’elles germent au printemps prochain. Je pense que de cette manière leur développement sera plus remarquable que cette année.

Groseillier Ciboulette

Dans cette association voici les espèces et variétés cultivées :

  • Groseillier à Maquereaux
  • Ciboulette Allium schoenoprasum L.

Les groseilliers ont étés plantés dans l’année, suivi des ciboulettes.

Observations

Je n’ai pas observé de rouille sur les groseilliers. Les deux espèces se sont développées correctement sans que l’une ne soit nuisible à la croissance de l’autre.

Il faut prendre garde de ne pas se faire piquer les doigts avec les groseilliers quand on récolte la ciboulette.

Bilan et perspectives

Le fait de ne pas avoir eu de rouille ne signifie pas que l’association fonctionne en ce sens. Il aurait fallu un témoin dans le test, c’est-à-dire cultiver la même variété de groseillier sans ciboulette afin de voir si la rouille était apparue.

Peu de recul donc dans ces associations de fruitiers avec des aromatiques, je verrai comment se comportent ces plantes dans l’avenir. Je vais diviser les touffes de ciboulettes afin de bien entourer chaque groseillier.

Fraisier Bourrache

  • Fraisiers, variétés ‘Charlotte’ et ‘Mara des Bois’
  • Bourrache – Borago officinalis

Les bourraches ont étés plantées tous les 1,5 m sur la plate bande de fraisiers.

La bourrache attire les insectes pollinisateurs près des fraisiers
La bourrache attire les insectes pollinisateurs près des fraisiers

Observations entre la bourrache et les fraisiers

J’ai pu observer de nombreux pollinisateurs sur la bourrache (bourdons, abeilles, syrphes etc…) ainsi qu’une jeune mante religieuse. Les bourraches ont bien apprécié leur emplacement et se sont fortement développées, couvrant peu à peu les fraisiers. Les fraises étaient en grande proportion bien formées.

Bilan et perspectives de l’association

Les insectes pollinisateurs sont bien plus présents et ne sont pas forcément détournés des fleurs des fraisiers. Le problème est le fort développement de la bourrache qui étouffe petit à petit les fraisiers.

Pour aller plus loin, je pense qu’il serait plus simple et plus efficace de semer une petite plate-bande de fleurs diverses et variées à côté de la plate bande de fraisiers. De cette manière les floraisons seraient plus étalées au cours de l’année, ce qui serait profitable aux fraisiers remontants. De plus, les fleurs a fort développement (telle la bourrache) ne gêneront plus le développement de la fraiseraie. Une autre alternative serait d’associer directement les fraisiers à une plante (ou des plantes) au développement plus modéré que la bourrache, dont la floraison serait bien étalée tout au long de l’année et dont l’appétence pour les insectes auxiliaire serait tout aussi puissante.

Framboisier Soucis

  • Framboisiers (variété remontante non identifiée)
  • Soucis – Calendula officinalis

Les framboisiers et les soucis ont étés plantés au printemps 2013.

Les framboisiers sont bien entourés de soucis
Les framboisiers sont bien entourés de soucis

Observations :

J’ai coupé quelques rameaux de framboisiers desséchés après la première fructification. Après la seconde fructification je n’ai observé aucun rameau de desséché. Les soucis se sont fortement développés.

Bilan et perspectives :

Pour une première année c’est plutôt une réussite. Le côté peu esthétique des soucis en graines peut gêner les fervents défenseurs du jardin à la française mais cela permet de renouveler les plantes naturellement. Les soucis ne sont pas difficiles a arracher et peuvent servir de paillis ou mis au compost lorsqu’ils deviennent trop envahissants.

Vigne Origan

Dans les associations de fruitiers avec les aromatiques, voici une tout à fait pertinente. Voici les variété cultivées :

  • Vigne ‘Chasselas’
  • Origan Origan commun ‘Compactum’ Origanum vulgare

Les plants d’origans ont étés plantés à proximité des pieds de vigne. La variété ‘Compactum’ permet d’obtenir un effet couvre sol.

Observations :

L’origan s’est développé tranquillement au pied des vignes. Les vignes ont étés assez sensibles aux acariens en début de saison (érinose). Les grappes ont eu un peu de black rot et très probablement de la pourriture grise (ou pourriture noble).

Plants d'origan auprès du pied de vigne - associations de fruitiers et d'aromatiques
Plants d’origan autour du pied de vigne

Bilan et perspectives :

L’effet recherché est de repousser les ravageurs de la vigne, certains étant vecteurs de maladies. Il est trop tôt pour observer un quelconque effet en première année (la vigne a son « écosystème » de ravageurs et maladies déjà bien implanté. Je vais laisser l’origan s’installer progressivement, diviser les touffes pour obtenir un plus bel effet couvre sol. C’est une association qui je pense pourra devenir très intéressante pour repousser les ravageurs en plus d’être esthétique. Toutefois je pense que des soins complémentaires sont nécessaire pour avoir de bons raisins.

Conclusion sur les associations

Comme je l’ai indiqué a quelques reprises dans les deux articles, certaines associations sont trop jeunes pour pouvoir être appréciées à leur juste valeur. Les plantes vivaces vont s’acclimater et s’entraider sur plusieurs années, ou au contraire se nuire et développer ce qu’on appelle un effet allélopathique entrainant le mauvais développement de certaines plantes. Mais, comme nous avons pu le voir, des effets positifs peuvent être rapidement observables sur les cultures, ce qui je l’espère vous donnera l’envie de tester et rechercher des associations de fruitiers et petits fruits dans votre jardin. Pour aller plus loin sur le sujet, je vous invitez à consulter le tableau général des cultures associées du potager.

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27 Commentaires

  1. Bonsoir Aurélien,

    Meilleurs voeux à toi et tes lecteurs pour cette nouvelle année !

    Tes expérimentations sont, comme toujours, très intéressantes. Je les suis toujours avec plaisir et j’attends avec impatience les observations complémentaires que tu feras l’année prochaine (pardon, cette année…).

    Amitiés,
    Gilles

    1. Bonjour Gilles,

      Meilleurs vœux à toi aussi, ainsi qu’à mes lecteurs également ;) !

      Et merci pour tes commentaires toujours aussi encourageants !
      Je ferais très probablement de nouvelles observations cette année, avec un nouvel appareil photo !

      Amitiés,
      Aurélien

  2. Bonjour Aurélien
    Superbe article! Bien détaillé, je testerai les framboisiers et les soucis cette année.
    Je te propose l’association suivante : betteraves et haricots nains. Celle-ci a été constatée par hasard une année ou un rang d’haricots vert était à angle droit avec les betteraves. Les pieds à proximité étaient bien plus productif que les autres de la même variété.
    Plusieurs années d’affilées j’ai fait le même constat. Maintenant je sème un rang d’haricot puis un rang de betteraves. Hasard ou pas????
    Tu pourrais essayer cette association pour la vérifier.
    Cette année autre test : les alysses ( lobularia maritima)aux pieds de tous les fruitiers. Elles répond aux critères suivants : bon couvre sol, plus de 30 jours de floraison,attire les syrphe qui j’espère dévoreront tous les pucerons ( mon fléau).
    Les semis vont débuter dans la serre.
    A bientôt et bonne continuation.
    Merlette
    http://www.ruedesmerles.com

    1. Bonjour Merlette,
      Merci pour ton commentaire,
      Je n’ai jamais testé cette association betterave haricot, ni par volonté ni par le hasard si mes souvenirs sont bons. Je vais de ce pas tenter de la caler dans le plan de mon potager ! Dans le livre dont je parle dans à la fin de cet article (plantes compagnes au potager bio) cette association est classée dans « associations défavorable à confirmer », et « des essais sont nécessaires ». Alors c’est parti pour un petit essai qui semble à priori prometteur ! Je vais aussi regarder de plus près votre seconde association avec les alysses.
      Bonne journée et à bientôt,
      Aurélien

  3. Bonjour Aurélen,
    le livre dont tu parles fait partie de mes lectures depuis près de 4 ans.
    Nous ne devons pas avoir la même édition car pour moi page 111 « betteraves » « associations favorables ou défavorables selon les cas ».Et sous « haricot » : association à tester : »bette, betterave….. ».
    Je n’avais pas encore ce livre lorsque j’ai commencé les associations. Je me fiais à ce que m’ont appris mon père et grand père qui jardinaient déjà de cette façon et ce depuis des décennies, le mot « bio » n’existait même pas mais ils jardinaient sans engrais, sans pesticides…Belles époques!!! Mais nous y reviendrons.
    A bientôt.
    Merlette
    http://www.ruedesmerles.com

    1. Bonjour,
      Oups ! J’ai sauté une ligne !
      En effet betterave / haricot : « associations favorables ou défavorables selon les cas »

      A bientôt,
      Aurélien

  4. Salut Aurélien,

    Merci de nous faire partager les résultats de ces expérimentations méthodiques.

    J’ai lu quelque part l’intérêt de l’association fruitier (dont poirier) – Menthe poivrée – Lavande.

    Je vais tester ça cette année, d’autant que tu nous confirmes ici certains avantages de la menthe qui selon ce que j’ai lu repousse également les fourmis qui sont un réel problème pour mes jeunes plants.
    …à suivre

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  6. Salut salut Aurélien, et merci pour ces partages !

    Aurais-tu des nouvelles des associations testées après ces quelques années ?
    Je suis particulièrement curieux de la vigne-origan !

    Je travaille dans un vignoble qui est passé en bio il y a peu et a du mal avec le mildiou notamment; du coup à la recherche de plantes de couverture sous la vigne qui pourraient avoir un effet allopathique sur le mildiou, (sûrement plus au moment de la germination des spores hivernés dans les feuilles mortes, à vue de nez)

    Encore merci à toi !

    Bonne continuation,

    Loïc

    1. Bonjour Loïc,
      Je suis plutôt satisfait de cette association vigne/origan, car l’origan a un effet couvre sol rampant (il ne dépasse pas 15cm de haut, attention de bien choisir la variété)
      Il limite le désherbage sur le rang et je suis convaincu qu’il diffuse ses bonnes molécules dans le sol et dans l’air. Après je ne peux pas te confirmer que l’origan à un effet contre le mildiou, car j’en retrouve chaque année. Mais il faut remettre mes expériences dans le contexte, mon potager est dans un jardin familial, ou la pression des ravageurs et des maladies est élevée. Comme il n’y a pas de régulation systématique les maladies se propagent sans difficulté.
      Par ailleurs l’origan n’a à priori pas d’effet négatif sur la végétation de la vigne ni sur la qualité du raisin.
      Quant à la concurrence ? Je ne sais pas, mais je ne pense pas qu’elle soit très importante sur le rendement, je la vois même bénéfique en été pour concentrer le jus des raisins. Mais à voir ce que le viticulteur recherche…
      Un inconvénient est que la pousse de l’origan est lente, au bout de 3 années il atteint une taille intéressante qui couvre bien le sol.

      Concernant la germination des spores hivernées dans les feuilles mortes, je pense que la clé est dans la fertilité du sol. Un sol biologiquement actif va réguler plus facilement les maladies (concurrence des micro-organismes, intervention de la faune etc…). Voit éventuellement du côté du BRF en broyant les sarments de taille, ce qui va aussi limiter l’érosion dans le temps. Et bien entendu, l’utilisation des couverts végétaux.
      Merci et bonne continuation également,
      Aurélien

  7. Bonjour Aurélien,

    Votre article est très intéressant! Auriez vous des conseils d’association avec le cerisier (principalement pour le protéger du puceron noir qui l’envahi et l’empeche de se developper)?

  8. Bonjour, connaissez vous quelles sont les autres plantes (à part l’origan) nottament alimentaires, qui pourraient se marier avec la vigne.

    Merci à vous et chapeau pour ce site, c’est super intéressant et utile, notamment pour la culture biologique.

  9. Ce tableau est très intéressant.
    Cependant, il serait bon de le compléter par un autre traitant de l’incompatibilité de voisinage ou de terres où ont été cultivées d’autres plantes.
    Merci si cela vous est possible ou si vous connaissez une étude de la sorte de nous la faire connaitre.
    Claude Morgan

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