Associations de plantes : légumes, fleurs et aromatiques

En avril dernier j’ai présenté dans cet article huit associations de plantes que j’allais tester pour la première fois dans mon potager. Après ces quelques mois d’observation forts intéressants il est maintenant l’heure du bilan : certaines associations ont bien fonctionné, d’autres un peu moins mais sont très encourageantes pour l’avenir. Dans cet article vous allez trouver le bilan des associations légumières (trois des huit), je présenterais le bilan des fruitiers et petits fruits à la prochaine publication.

Commençons par un petit tableau récapitulatif des associations testées et pour chacune le ou les effets recherchés ainsi que mon appréciation personnelle pour cette saison 2013.

Associations Effet(s) recherché(s) Mon appréciation
Les 3 sœurs : Haricot Maïs Courge Le maïs sert de tuteur aux haricots
Le haricot fertilise courge et maïs
La courge limite les travaux de désherbage
4etoiles
Chou – Mélisse – Cosmos Repousser les ravageurs du chou
Attirer les prédateurs des ravageurs du chou
Meilleure humidité au niveau du sol (pour le bon développement du chou)
4etoiles
Pois – Pomme de terre Éloigner les doryphores ?

Attention : La note que je donne est un jugement personnel basé sur mes observations faites au cours de cette année 2013. Je peux très bien faire évoluer ces notes à l’avenir car il est clair que certaines associations doivent être appréciées sur plusieurs années. De plus vos conditions de culture (climat, terre, fertilisation, effet des bocages, etc…) varient de mes propres conditions et peuvent induire un comportement des associations relativement différent. Dans la suite de l’article je détaillerai ce qui a ou non marché pour moi et pourquoi, vous pourrez éventuellement vous en inspirer si vous décidez de reproduire ces associations chez vous.

Les trois sœurs : Haricot Maïs Courge

Indications de culture :
Haricot à écosser « A goût de Châtaigne d’Echenans »
Maïs doux jaune « True Gold »
Potimarron « Red Kury »

Le maïs a été cultivé en ligne. Une fois qu’ils faisaient 15 – 20cm j’ai semé les haricots (3 graines par plant) et planté les potimarrons (1 tous les 2 mètres et des deux côté de la ligne du maïs.

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Haricot Maïs Courge
Haricot Maïs Courge en juin

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Haricot Maïs Courge en juillet
Haricot Maïs Courge en juillet

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Haricot Maïs Courge en août
Haricot Maïs Courge en août

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Septembre, Maïs cassés
Septembre, Maïs cassés

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Observations :
Le Maïs et les haricots se sont bien développés. Les haricots se sont bien accrochés aux maïs jusqu’à casser ces derniers. Les courges ont relativement bien couvert le sol et limité le développement des adventices. Cette association était située à environ un mètre cinquante des topinambours, lesquels ont particulièrement bien poussé (environ 4 mètres de haut en août pour les plus grands. Ces derniers ont donc offert un peu d’ombre à l’association, limitant probablement un peu le développement de quelques courges.

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Épi de Maïs - Haricots écossés - Jeune potimarron
Épi de Maïs – Haricots écossés – Jeune potimarron

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Bilan et perspectives :
Les effets recherchés étaient au rendez-vous : Bonne productivité du maïs et des haricots ! Pour les courges un peu moins mais je suspecte mes semences d’être un peu fatiguées (récolte 2008) ainsi que l’ombre portée par le maïs, les haricots et les topinambours. De plus le sol a probablement manqué de fertilisation en compost.
Ne pas cultiver le maïs en ligne : Après le passage d’une bonne pluie orageuse quelques plants de maïs se sont retrouvés couchés et d’autres cassés. Leur disposition en ligne a favorisé leur prise au vent et à la pluie. Le poids des haricots n’a pas aidé. A l’avenir je disposerai mes plants de maïs en carré ou en cercle. Une courge sera plantée au centre. Enfin je sèmerais seulement deux graines de haricot par plant de maïs.
Même si les haricots sont supposés nourrir le maïs et les courges je pense qu’il est bon d’apporter du compost à la plate bande (maïs et courges en sont très exigeants). Les trois sœurs ou la milpa est une des meilleures associations de plantes.

Chou Mélisse Cosmos

L'association choux mélisse cosmos en septembre
L’association choux mélisse cosmos en septembre

Indications de culture :
– Choux Brocolis
– Mélisse; Melissa officinalis
– Cosmos; mélange de couleurs

Plantation au mois de juillet
Sur le rang un chou a été planté tous les 60 centimètres et un cosmos entre chaque brocolis. La mélisse était située entre deux rangs, un plant tous les mètres.

Observations :

Après la plantation les choux se sont bien développées, en harmonie avec les cosmos et la mélisse. Les cosmos ont pris petit à petit le dessus, étouffant un peu les choux Brocolis. Une première attaque de piéride de la rave fin juillet sur les choux brocolis. Début septembre, une forte attaque de piéride du chou sur les choux cabus isolés, les choux brocolis n’ont pas étés attaqués.

Bilan et perspectives :

Associations de plantes intéressante, elle me permet de lister des bons et mauvais points, ces derniers pouvant être corrigés.

Les plantes se sont révélées être trop serrées les unes des autres. Les cosmos sont rentrés en concurrence avec les choux, jouant sur leur développement et sur leur montée en fleur précoce. Des choux brocolis plus isolés de l’association se sont mieux développés. J’ai du couper des tiges secondaires des cosmos à plusieurs reprises pour donner de la lumière aux choux brocolis. La mélisse s’est également retrouvée en retrait par les cosmos et les choux.

Les cosmos ont tendance à étouffer les choux
Les cosmos ont tendance à étouffer les choux
Chou aéré, après la coupe de quelques tiges de cosmos
Chou aéré, après la coupe de quelques tiges de cosmos

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Légère attaque de la piéride de la rave fin juillet
Légère attaque de la piéride de la rave fin juillet

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L’effet recherché de repousser les ravageurs n’a pas entièrement fonctionné puisque fin juillet il y a eu une attaque de la piéride de la rave. Cependant je n’ai pas observé d’autres ravageurs au cours de cette période.

Passons aux points plus positifs :

L’effet recherché sur l’hygrométrie du sol est tout à fait positive, surtout en terre sableuse. Ces plantes forment rapidement de la biomasse qui protège le sol. Cependant un paillis est un bon complément à ne pas négliger.

La forte attaque de la piéride du chou au début du mois de septembre a été très bien évitée par cette association. Les choux cabus isolés (ils m’ont servis de témoin) ont pas mal souffert de l’appétit de la Piéride du chou, or les choux Brocolis n’ont quasiment pas eu de chenilles et je n’ai plus vu d’œufs sous les feuilles de choux. Les papillons ont donc probablement étés repoussés par les cosmos. Paradoxalement les papillons de la piéride se nourrissent du nectar des cosmos mais ne descendent pas forcément pondre sur les feuilles des choux !

A l’avenir, je compte réitérer cette association mais en changeant la disposition des plantes.

Du fait du fort développement des cosmos je pense qu’il est préférable qu’ils entourent les choux plutôt qu’ils soient sur la ligne de culture. Un tuteurage à la cordelette entre deux tuteurs peut être utile car les cosmos ont tendance à tomber sous leur poids. La mélisse, par sa croissance plus modeste peut rester entre les choux.

Ce qui est utile est d’avoir une protection des choux avec les plantes compagnes lors des périodes de vol des piérides et des autres ravageurs du chou. Nous l’avons vu, en début de culture (en juillet) il est plus difficile d’avoir une protection efficace grâce aux plantes compagnes. Penser alors aux purins et tisanes de plantes lors des premières attaques des ravageurs des choux.

Je n’ai pas parlé des auxiliaires mais je pense qu’ils ont activement participé à la régulation des piérides. Pour en savoir plus sur la piéride et les auxiliaires, je vous invite à consulter cet article : La piéride du chou

Pois Pomme de terre

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Pomme de terre Ratte
Pomme de terre Ratte

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Indications de culture :

Variétés :
Pomme de terre ‘Ratte’
Pois à grains ridés nains ‘Merveille de Kelvedon’

Mise en place des pommes de terre et des pois en avril. Recouvrement par un voile de forçage, protégeant les pois des oiseaux.
Observations :

  • Très mauvaise germination des pois.
  • Forte attaque de doryphores sur les pommes de terre (régulation manuelle).
  • Bon rendement des pommes de terre malgré l’attaque des doryphores
œufs de doryphore sous feuille de pomme de terre
œufs de doryphore sous feuille de pomme de terre

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Larves de doryphores à un stade avancé. A ce stade elles remontent sur les plants !
Larves de doryphores à un stade avancé. A ce stade elles remontent sur les plants !

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Bilan et perspectives : La germination des pois ayant été catastrophique je ne peux pas tirer de bilan sur cette association. Les tests réalisés au canada sont encourageants, c’est donc une association que je vais retenter avec de nouvelles semences de pois. Pensez bien à entourer vos pommes de terre par les pois.

En guise de conclusion

Et voilà pour le bilan des nouvelles associations de plantes que j’ai pu tester cette année. Bien entendu elles n’étaient pas les seules ! Les tomates étaient associées à de nombreuses fleurs et diverses variétés de basilic. L’ail s’est bien plu au pied des topinambours, les haricots verts sentaient bons la sarriette annuelle, les carottes sont toujours associées à une alliacée (oignon, poireau), les piments et poivrons à la marjolaine, etc… A très vite pour les associations concernant les fruitiers et petits fruits et si vous avez 2 minutes n’hésitez pas à me laisser un petit commentaire ci dessous. D’ailleurs avez-vous fait des associations avec les légumes cette année ? Et si oui, qu’est-ce que ça a donné pour vous ?

Et si vous désirez aller plus loin, je vous conseille ce livre qui est selon moi la référence sur le sujet : Plantes compagnes au potager bio : Le guide des cultures associées

A lire également

19 Commentaires

  1. Bonjour, très interessant votre article. J ai testé aussi cette année le lin bleu contre les doryphores, et ça a très bien marché. En début de saison, j ai eu un souci avec mes pieds d aubergines, ou je trouvais régulièrement des doryphores. J ai semé du lin bleu entre les pieds et outre l aspect esthétique bien jolie, je n ai plus trouvé de doryphore! Le lin bleu a l avantage de pousser très rapidement, donc l effet est rapide.

  2. Intéressante tes associations je tenterai si tout va bien pour la prochaine saison
    pour moi cette année je n’ai pas fais grand chose l’été a été dure pour moi trop grande chaleur je me suis contenté de ramassé les légumes a maturation .
    j’espère que cette année tout ira mieux .

  3. Juste une observation pour ton associacion des trois soeurs. Les légumineuses fixent l’azote de l’air lors de leur croissances jusqu’à la floraisons. A partir de la floraison elle commence à utiliser ses résèrves pour fabriquer ses fruits. A la fin du cycle, il reste encore un peu d’azote dans les nodules, mais bcp moins, puisque la majorité est partie dans les fruits qui seront exporté (récolté). A la mort du plant, l’azote restant deviens accessible aux autres plantes à proximité. Donc, la fertilisation s’effectue pour culture suivante, non pour le moment même. Si tu utilise une légumineuse de courte durée comme la fève mung qui fait ses fleurs a 35 jours et que tu l’incorpore au sol à ce moment, tu fertilise ton mais et tes courges qui sont encore petite. Si tu utilise une fève grimpante qui murira après ton mais, tu pourra fertiliser la culture suivante. Cette tecnique est bonne dans les plays tropicaux ou tu replante après ta culture parce que l’azote es un gaz, donc volatil. Je ne sais pas s’il est encore accessible ou présent au sol après l’hiver! Il faudrait faire une recherche de ce côté, mais j’en doute. Cette Technique des 3 soeurs viens de Mayas et ils cultivaient toute l’année. Ceci est une commentaire agronomique pour t’aider dans tes recherches. Félicitation pour tout le travaille de recherche et d’expérience que tu fais et partage. Ce serait intéressant de savoir s’il reste de l’azote au sol après l’hiver! Bon automne.

    1. Normalement, l’azote emmagasiné par les légumineuses est sous forme « ammoniacale » donc assimilable par les plantes et non volatile. Le plus simple après récolte est de couper les légumineuses au ras du sol sans toucher aux racines et à leurs petits nodules azotant.

  4. Bonjour Aurélien, merci pour ce compte rendu et votre témoignage. J’ai depuis plusieurs années arrêté ces expérimentations. J’ai pris l’habitude de tout mélanger ; c’est plus simple pour moi actuellement car je fais d’autres essais… Mais je reviendrais aux associations prochainement car c’est un sujet essentiel.

  5. Bonjour !

    Cette année je fais un potager où tout est prévu pour qu’une plante ou un légume en aide un autre. C’est une première expérience mais je peux vous faire partager mes résultats avec plaisir.
    Aujourd’hui j’ai planter de la Tanaisie près de mes pommes de terres. J’ai lu que c’était conseillé contre les doryphores ainsi que la Coriandre. Merci Santo pour votre commentaire. J’ignorais que l’aubergine était victime elle aussi de ce nuisible et puis le lin bleu… quel jolie idée :)

  6. Félicitations pour vos expériences expliquées.
    Je jette régulièrement plutôt un œil sur ce que je ne dois pas rapprocher car je multiplie les boutures diverses d’aromatique que je taille pour les limiter entre mes cultures et j’utilise des associations autant que possible.
    Les capucines sont efficaces mais très envahissantes et deviennent énormes. Heureusement le gel la nettoie bien.
    Cette année je viens de planter des capucines tubéreuses sous les fruitiers.
    La mélisse se ressème que de trop et il ne suffit pas de la couper ses racines souterraines sont envahissantes.
    D’une manière générale j’ai peu de ravageurs SAUF les campagnols de l’espèce rats-taupiers qui adorent vivre sous mes paillis au point d’exporter une partie de mes légumes vers un autre secteur. Ils touchent et mangent un peu de tout sauf les choux.

    1. Merci pour ton retour d’expérience Christian,
      Ton approche sur les associations est intéressante.

      Je ne trouve pas que la mélisse soit très envahissante, certes elle drageonne un peu mais beaucoup moins que la menthe. Je trouve qu’elle se ressème assez peu.
      Par contre, à partir de la seconde année elle s’enracine vraiment fortement. Son système racinaire est tellement ramifié qu’il est difficile de la déloger, même en sol à dominance sableuse. Entièrement d’accord avec toi, pour la retirer il faut la déraciner sinon elle repart.

      Pas mal l’idée de la capucine tubéreuse, cette année j’ai rajouté de nombreuses espèces sous les fruitiers, certaines attractives pour les pollinisateurs, d’autres répulsives pour les ravageurs, d’autres encore fertilisatrices (engrais verts)… article à venir !

      A bientôt
      Aurélien

  7. Bonjour Aurélien,

    Merci pour ton retour d’expérience, très intéressant.
    Par contre je me pose une question, on parle souvent de bonnes/mauvaises associations; mais jusqu’à présent il y a une information que je n’ai jamais trouvé:
    Quand on parles de mauvaises association (ie: ) on dit qu’il faut éloigner une plante d’une autre, mais à quel distance? Simplement séparé avec une ligne d’une autre espèce? 1m? 10m? Autre?

    Si tu as des infos sur cela, je serrais très interessé d’avoir ton avis.

    Bonne continuation & bon jardinage!

    1. Bonjour Guillaume
      L’idée est séduisante mais je vois plusieurs difficultés :
      Le maïs va grandir en même temps que la tomate. La tomate va être tout aussi vigoureuse que le maïs et avec les fruits le poids risque de casser la tige du maïs.
      De plus la tomate n’est pas une plante grimpante comme le haricot, il faudra de toute façon tuteurer la tomate au maïs, ce qui sera peu pratique avec les feuilles des deux plantes
      Aurel

  8. Bonjour Aurélien,
    Très intéressant ton blog !
    Pour ce qui est de l’association patates pois, elle marche très très bien, pour l’avoir testée depuis plusieurs années (pour la petite histoire, cette association s’est faite par hasard de calendrier, j’avais semé les pois à l’automne et juste à côté, au printemps mes patates, et tout mon voisinage se plaignait des doryphores et moi, c’était la première année où je n’en ai pas eu).
    Je ne sais pas si le climat de ta région le permet, mais , semer les pois à l’automne (ils végètent en hivers, résistent au froid et à la neige et démarrent à fond dès le réchauffement de printemps) renforce le côté répulsif semble-t-il contenu dans la sève.
    C’et tellement beau et agréable d’observer toute cette interaction entre les différentes espèces du vivant… Je crains que nous soyons les pires des nuisibles…

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