Les coccinelles sont sans conteste les plus célèbres prédatrices de pucerons au jardin ! Véritable symbole du jardinage bio, cet intrépide et sympathique coléoptère est particulièrement doué pour éveiller la curiosité des petits et des grands. Alors, découvrons plus en détails ses mœurs, son cycle de vie, ses proies et ses prédateurs. Apercevons la diversité d’espèces indigènes et exotiques de cette grande famille. Comprenons comment les favoriser au jardin, les protéger en hiver… et en été ! Et en qualité de jardinier attentif de nos cultures, assurons-nous ne pas les détruire accidentellement. Enfin, la coccinelle est aujourd’hui largement utilisée comme agent de lutte biologique dans l’agriculture et dans les jardins potagers. Nous verrons les précautions à prendre en cas de lâchers de cet auxiliaire en biocontrôle. Bonne lecture dans ce dossier que j’ai souhaité plutôt exhaustif.

Pourquoi la coccinelle est-elle aussi sympathique ?

Il faut bien l’avouer, les arthropodes véhiculant de la sympathie sont peu nombreux. La coccinelle se distingue de ses congénères par sa forme compacte et ovale, ses petites pattes cachées et sa couleur vive et luisante. Elle ne pique pas, ne mord pas, nous chatouille les mains lorsque nous la faisons grimper dessus, en bref elle parait bien inoffensive. Paradoxalement, ce qui attire notre œil d’humain, est aussi une indication claire à ses prédateurs qu’il ne vaut mieux pas en faire son repas, sous peine d’indigestion, voire d’intoxication ! C’est en effet une stratégie de défense courante dans la Nature, appelée l’aposématisme. Nous aurons l’occasion d’y revenir ultérieurement.

Hormis cette sympathie naturelle que nous pouvons développer a son égard, la coccinelle véhicule également une image de porte-bonheur. Bien qu’il soit de moins en moins usité, le nom vernaculaire de bête à bon Dieu désigne bel et bien la coccinelle. L’origine de ce nom remonte au Moyen Âge, lorsqu’une coccinelle sauva un condamné à mort de son exécution… Rien que ça ! À Paris, au Xe siècle, un apprenti se retrouva sur le billot pour l’assassinat de son maître. Lorsque le bourreau leva sa hache pour décapiter le condamné, une coccinelle se posa sur son cou. Le bourreau délogea la coccinelle mais celle-ci revint à plusieurs reprises sur la nuque de l’apprenti. Le roi de l’époque, Robert Le Pieux, vit alors une intervention divine et gracia le condamné à mort. L’expression « la bête à bon Dieu » apparue.

Dans d’autres pays, la coccinelle porte un nom faisant souvent référence à la Vierge Marie : ladybird (oiseau de Notre Dame) en anglais, mariquita (petite Marie) en espagnol, Marienkäfer (coléoptère de Marie) en allemand, mrim n igran (Marie des champs) en Berbère.

Ajoutons enfin que la coccinelle à sept points est largement répandue de l’Afrique du Nord, en Europe et en Asie. Le chiffre 7 est évidemment un chiffre sacré dans diverses religions et croyances.

Voici donc quelques raisons qui font que cette chère coccinelle attire notre sympathie, sans encore parler de la prédation de certains ravageurs.

De nombreuses espèces de coccinelles

Il existerait à travers le monde environ 6000 espèces de coccinelles classées dans la famille des Coccinellidées, elle-même décomposée en sept sous-familles. En France, il y aurait 900 espèces différentes dont on peut observer une large diversité morphologique et écologique. Si nous prenons leur taille, elle varie de 0,8 à 18 mm : les plus petites ont une taille 22 fois inférieure aux plus grandes !

Au jardin, il arrive que nous puissions observer de petites coccinelles comme la coccinelle à 14 points, à 2 points etc. Les enfants s’empressent de parler de « bébés coccinelles », or il s’agit bien de coccinelles au stade adulte qui ne grandiront plus. Le terme coccinule est d’ailleurs plus souvent employé pour désigner ces petites coccinelles.

En lutte biologique, les coccinules employées mesurent à peine 2 mm au stade adulte. Elles font notamment partie du genre Stethorus et se nourrissent d’acariens. En comparaison, la coccinelle à 7 points mesure environ 7 mm de long et est experte dans la prédation des pucerons.

De même, la couleur, forme et texture de leurs élytres et de leurs pronotums sont extrêmement diverses et variées, si bien que certaines espèces sont parfois très différentes de la commune coccinelle à sept points.

Découvrez ici d’autres espèces de coccinelles présentes dans nos jardins

Régimes alimentaires

La plupart des espèces de coccinelles sont entomophages (ou carnivores). Mais selon les espèces elles ont leurs préférences, certaines sont prédatrices de pucerons (aphidiphages) ou d’autres invertébrés comme les cochenilles, les acariens (acariphages). D’autres mangent aussi des végétaux (phytophages), du pollen, du mycélium de champignon (mycophage). Il faut bien noter qu’une même espèce n’est pas strictement aphidiphage etc. Effectivement selon les ressources disponibles à une période donnée, leur alimentation varie au cours de l’année. Par exemple à la sortie de l’hiver les coccinelles carnivores comme la coccinelle à sept points peuvent être amenées à se nourrir de nectar et pollen avant de trouver des pucerons.

Le cycle de vie

Les coccinelles sont des insectes holométaboles, c’est-à-dire que leur développement se fait selon une métamorphose complète qui passe par quatre stades : œuf, larve, nymphe et adulte.

Si nous considérons les coccinelles carnivores comme la coccinelle à sept points, à la sortie de l’hiver mâles et femelles s’accouplent rapidement. Les femelles pondent leurs œufs à la face inférieure des feuilles à proximité de leurs proies, à savoir les pucerons. De 2 à 7 jours plus tard les œufs éclosent et les larves de premier stade sont exclusivement carnivores. Elles se repaissent de divers insectes, œufs, larves, mais principalement du phytophage à proximité duquel la femelle a pondu. Extrêmement vorace, chaque larve de coccinelle se nourrit de plusieurs centaines de pucerons en l’espace d’un mois. Période pendant laquelle la larve subit trois mues successives et grandit un peu plus à chaque fois. Après le dernier stade, les larves se nymphosent pendant une semaine environ avant de devenir des adultes.

Au jardin, si vous avez pour habitude d’aller inspecter vos plantes minutieusement, vous pouvez observer ces différents stades. Il est très utile de reconnaitre les œufs et le stade larvaire, qui ne ressemble pas du tout à la coccinelle adulte. Une loupe peut être utile pour s’assurer qu’il s’agit bien des œufs de coccinelles.

Comment s’assurer de ne pas confondre les œufs de coccinelles avec les œufs de doryphores ou d’autres insectes ? Comment différencier les larves des différentes espèces ? Je vous invite à le découvrir à travers cette page :

Reconnaître les œufs, larves et nymphes de coccinelles.

Attirer les coccinelles au jardin

Les coccinelles sont attirées par leurs sources de nourritures, nous n’avons donc en théorie pas besoin d’agir. Cependant, quelques actions permettent de favoriser leur survie pendant la période hivernale et même lors des étés caniculaires.

Pourquoi les attirer ?

La plupart des espèces de coccinelles sont de bons auxiliaires prédateurs, utiles au jardin d’agrément, au potager et au verger pour réguler les populations de ravageurs. Parmi leurs proies figurent les pucerons, cochenilles, acariens, les œufs et larves de divers insectes au corps mou etc. Ces proies sont principalement des phytophages plus ou moins présents dans les jardins. Au potager et au verger les pucerons sont des ravageurs très fréquents qui reviennent d’une année sur l’autre. Les coccinelles permettent de réduire leurs populations qui deviennent rapidement exponentielles.

Comment les coccinelles et autres auxiliaires savent où trouver leur nourriture ?

Lorsque les plantes sont attaquées par des phytophages elles mettent en place un mécanisme de défense indirect tout à fait fascinant : elles envoient un message de détresse aux auxiliaires ! Ici pas de sms ou de mail, le message envoyé est véhiculé par une odeur… Celle-ci est spécifique et se nomme HIS pour Herbivore-Induced Synomones. Les synomones sont des molécules connues également pour la pollinisation des fleurs. Le message des synomones est bénéfique pour l’émetteur et le receveur. Dans le cas des HIS, le message indique aux auxiliaires que leurs proies sont présentes et qu’ils peuvent venir s’en nourrir pour les prédateurs et les parasiter pour les parasitoïdes. Il a été prouvé que les coccinelles savaient identifier ces synomones spécifiques.

Ainsi lorsque vous observez des colonies de pucerons (ou un autre phytophage) sur vos plantes de jardin, sachez que ces dernières ont déjà envoyé ces messages de détresse aux auxiliaires. Or si votre jardin n’est pas assez accueillant pour ceux-ci, alors ils ne seront pas suffisamment nombreux pour réguler ces ravageurs.

La plante devient aussi un lieu de rencontre entre partenaires sexuels et un lieu idéal pour la génération future, donc pour la ponte des œufs.

Quels sont les risques pour les coccinelles ?

Dans les jardins un risque majeur est l’homme… L’utilisation de pesticides, même de produits bio, impacte directement l’habitat des coccinelles. Si les proies disparaissent suite à un traitement, les coccinelles quitteront leurs habitats. C’est même un euphémisme : les larves de coccinelles ne survivraient pas suite à une disparition de nourriture. Si elles ont la chance de survivre au traitement, elles doivent ensuite quitter la plante. Or ces dernières ne volent pas, sont aveugles, et ont besoin d’une grande quantité de proies au quotidien pour survivre.

Pour attirer les coccinelles, et les garder, il faut commencer par veiller de ne pas supprimer leurs proies. De ne pas traiter systématiquement dès que des pucerons (ou autre phytophage) apparaissent.

Autres conseils pour favoriser l’habitat des coccinelles

Toute l’année il est important de proposer des sources de nourriture alternatives comme que le nectar et le pollen, surtout à la sortie de l’hiver. Par exemple, si l’on conserve de la roquette cultivée à l’automne, elle fleurira tôt au printemps et fournira du nectar aux coccinelles. Les abris à coccinelles ou hôtels à insectes sont également à favoriser.

Retrouvez tous les conseils pour attirer les coccinelles au jardin

Les coccinelles en biocontrôle

Les coccinelles sont des insectes largement utilisés depuis plusieurs décennies en lutte biologique ou biocontrôle. Quelles espèces sont utilisées ? Quels sont les risques ?

Une erreur de lutte biologique avec les coccinelles asiatiques

La coccinelle asiatique, Harmonia axyridis, a été importée de l’Asie et étudiée par l’INRA dans les années 1980. La souche candidate était peu mobile en raison de ses ailes atrophiées, elle fut alors commercialisée à partir de 1990 par l’entreprise Biotop. Cette souche était efficace en lutte biologique sans être invasive. Mais en 2003, une autre souche de coccinelle asiatique arrive sur le territoire par la Belgique, elle-même en provenance des États-Unis. Cette dernière est beaucoup plus invasive et prolifique que la précédente et s’étend sur tout le territoire.

La coccinelle asiatique est alors définie comme espèce invasive car elle entre en compétition avec les espèces indigènes. Il a été observé un déclin démographique de certaines espèces indigènes au Royaume-Uni et en Belgique.

Lorsque que l’on choisit des auxiliaires pour le jardin, il faut donc s’assurer que se soient bien des espèces indigènes.

Les coccinelles utilisées aujourd’hui

Aujourd’hui, les entreprises de lutte biologique commercialisent principalement des coccinelles indigènes, comme sur insectophere. Ainsi, si les conseils vus précédemment ne sont pas suffisant pour attirer les coccinelles dans votre jardin, procurez-vous éventuellement ces coccinelles sous forme d’œufs, de larves ou d’adultes.

Quelques exemples de coccinelles :

  • Coccinella septempunctata, la coccinelle à sept points : efficace contre les pucerons sur les plantes potagères et sur les plantes basses
  • Adalia bipunctata, la coccinelle à deux points : efficace contre les pucerons sur les plantes hautes comme les fruitiers
  • Exochomus quadripustulatus, la coccinelle à virgule : experte du puceron lanigère et des cochenilles

En savoir plus sur les coccinelles utilisées en biocontrôle.

 

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