Récolter les graines de Physalis : Coqueret du Pérou, groseille du Cap et tomatillo
Récolter les graines de physalis est un jeu d’enfants, il serait dommage de s’en priver ! Les graines ne nécessitent pas de fermentation, c’est donc encore plus simple que la récolte des semences de tomates. Il y a toutefois une subtilité qui se situe au niveau de l’espèce. Effectivement, quand on parle de Physalis, il peut s’agir du Coqueret du Pérou, de la groseille du Cap, du tomatillo mais aussi de l’Alkékenge. Peut-on récolter les graines de ces différentes espèces sans risques d’hybridation ?
Après une présentation des espèces de Physalis, nous allons voir en détails leurs mode de reproduction. Une fois que nous aurons ces informations nous pourrons définir quelles espèces cultiver ensemble. Puis nous verrons la méthode d’extraction des graines, illustrations à l’appui.
Les espèces de Physalis
Le physalis, du genre Physalis, est une plante de la famille des solanacées, comme la tomate. Il existe de nombreuses espèces, environ une centaine, mais seulement quelques-unes sont cultivées pour la consommation de leurs fruits :
- Le Physalis peruviana, c’est le Coqueret du Pérou ou prune des Incas est originaire du Pérou et du Chili, il donne d’assez grosses baies jaune-orange entourées d’une enveloppe qui prend une teinte brune lorsque les fruits sont mûrs. La plante est vigoureuse et haute de 50 cm à 2 mètres de hauteur.
- Le Physalis pruinosa (selon Dominique Guillet – Semences de Kokopelli, 2009 – est équivalent à Physalis pubescens), est originaire des État-Unis, c’est la groseille du Cap ou cerise de terre, aux baies ressemblant à celles du Coqueret du Pérou mais plus petites. La plante ne dépasse pas 30 cm de haut et s’étale sur 1 mètre de circonférence. La groseille du Cap est plus précoce que le Coqueret du Pérou.
- Le Physalis ixocarpa ou Physalis philadelphica, est le tomatillo, qui est davantage utilisé comme légume que comme fruit. Ils sont par exemple cuits en ratatouille ou entrent dans la composition de la sauce salsa verde. Les fruits mûrs sont souvent noirs pour les variétés les plus communes.
Citons également, le Physalis alkekenge, autrement connu sous le nom d’Amour en Cage, d’Alkékenge ou Lanterne, aux fruits à priori comestibles mais contenants des alcaloïdes. Je ne m’y risquerais pas, quoi qu’il en soit leurs cages sont délicieusement décoratives !
La fleur et son mode de reproduction
Le Coqueret du Pérou et la groseille du Cap sont des plantes autogames. Le tomatillo produit quant à lui des fleurs auto-stériles et est ainsi une plante allogame. Toutes les espèces présentent par ailleurs des fleurs parfaites et entomophiles. J’explique en détails ces termes et les dessous de la pollinisation dans cet article d’introduction à la production de semences.
Pour rappel, les plantes autogames portent des fleurs qui s’autofécondent, en grande majorité. C’est-à-dire que le pollen de la fleur féconde son propre pistil. Il y a ainsi très peu de risques de croisements, les graines récoltées donneront des plants aux mêmes caractéristiques que la plante mère. C’est donc le cas du Coqueret du Pérou et de la groseille du Cap. Par mesure de sécurité, on distance tout de même deux espèces ou deux variétés différentes de quelques mètres.
A l’inverse, les plantes allogames privilégient l’inter-fécondation. Le pollen de la fleur doit polliniser le pistil d’une autre fleur ou la fleur d’une autre plante. Dans le cas du tomatillo, il est donc important de cultiver plusieurs plants de la même variété pour produire davantage de fruits. Et si vous souhaitez récolter vos propres graines il est important de ne cultiver qu’une seule variété de tomatillo, dans un rayon de 500 mètres environ.
De même les tomatillos peuvent s’hybrider avec le Coqueret du Pérou ou la groseille du Cap, on parle d’hybridation interspécifique.
En résumé, si vous voulez récolter des graines de Coqueret du Pérou et/ou de groseille du Cap, vous pouvez le faire en espaçant chaque variété différente d’au moins 10 mètres. Il est possible de cultiver des tomatillos, en gardant les mêmes distances. Par contre, si vous avez pour objectif de récolter des semences de tomatillos, il est alors préférable d’éviter de cultiver les deux autres espèces, ou une autre variété de tomatillo dans le même jardin. Ayez aussi à l’esprit que les insectes pollinisateurs n’ont cure des frontières de nos jardins. A fortiori dans les jardins familiaux, collés les uns aux autres. Il est toutefois possible de cultiver les différentes espèces ou variétés sous des filets. Excepté pour les tomatillos qui nécessitent le concours des pollinisateurs, sans eux ils ne produiraient que des fruits sans graines ou avec des graines stériles.
Pourquoi récolter vos graines de Physalis
Le Physalis à une autre particularité, il est très doué en semis spontanés ! Qui plus est, il est rustique, alors on a tendance à l’oublier en fin d’année dans le potager. Quelques fruits oubliés et on retrouve des jeunes plants au printemps suivant. Pourquoi alors récolter vos graines de Physalis ?
Les raisons de faire ses graines sont diverses et ne peuvent qu’être vertueuses : adapter et améliorer ses propres variétés à ses conditions de cultures, à son terroir. Par exemple en sélectionnant les plantes qui offrent des fruits savoureux, ou des plants qui sont plus précoces, plus vigoureux etc. Une autre bonne raison est que vous allez pouvoir stocker vos graines et les resemer les années suivantes et surtout les échanger ou les donner à des amis ou autres jardiniers passionnés par les semences. La dernière raison, extraire des graines de Physalis est extrêmement simple et de demande simplement que quelques minutes.
Comment récolter vos semences de Physalis ?
Voyons maintenant en pratique comment récolter les graines de physalis. Il faut attendre que les calices aient un aspect marron avant d’être ramassées, généralement en septembre et octobre. Ils peuvent murir aussi en novembre. Les baies peuvent être ramassées au fur et à mesure de leur maturité et gardées dans l’attente d’en avoir suffisamment pour extraire les graines en une seule fois.
Extraction et séchage des graines
Pour extraire les graines de Physalis, la technique de séparation dans de l’eau est la plus appropriée, la plus rapide et efficace. Ci-dessous retrouvez le tutoriel photo pour illustrer les différentes étapes :
- Ouvrir les fruits en deux à l’aide d’un couteau ;
- extraire la pulpe avec les graines avec uns petite cuillère ;
- bien écraser la pulpe avec le dos de la cuillère pour séparer les graines ;
- mettre ce mélange de pulpe et de graines dans un verre et ajouter de l’eau ;
- bien brasser pour finir de séparer la pulpe et les graines. Les graines tombent dans le fond du verre, la pulpe reste en surface ;
- vider la partie supérieure du verre qui contient la pulpe et les graines non viables ;
- renouveler l’opération en remettant de l’eau dans le verre et terminer d’écarter la pulpe. Il ne reste alors plus que les graines dans le fond du verre ;
- mettre les graines dans une passoire à mailles fines et passer le jet du robinet pour évacuer tous les éventuels sucres restants autour des graines ;
- mettre les graines dans une assiette, les séparer en les étalant bien ;
- les placer à un endroit chaud et aéré pour qu’elles sèchent rapidement sans amorcer la germination ;
- deux ou trois jours plus tard, quand elles sont bien sèches, les stocker dans une enveloppe en kraft.
Stockage, conservation et germination
Comme pour toutes les graines, conservez vos sachets de semences de physalis dans une pièce fraiche mais non humide. Ainsi les graines resteront viables plus longtemps.
La graine de Physalis reste viable pendant 3 ou 4 ans, dès la troisième année, son taux de germination commence à diminuer.
Pour germer la graine a besoin d’une température comprise entre 22 et 28°C. Le semis se fait idéalement à l’intérieur à partir du mois de mars.
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Merci pour vos précieux conseils
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