Syrphus ribesii

Les syrphes : Des alliés de taille au potager

Les syrphes sont des insectes auxiliaires très utiles au jardin potager et au verger. Ses larves sont d’excellentes prédatrices de pucerons et les adultes sont floricoles. Mais les syrphes restent assez méconnus et la plupart des personnes les confondent avec les guêpes. Comment s’assurer de les reconnaitre, rien qu’en les regardant voler ? Est-ce qu’ils piquent ? Comment favoriser leurs présence au jardin potager ? Comment identifier leurs larves ? Les syrphes n’auront plus de secrets pour vous après la lecture de cet article !

Je tiens à remercier Lucie de m’autoriser à publier quelques-unes de ses photos sur mon site. Retrouvez-en d’autres sur le jardin de Lucie. La photo ci-dessus est le syrphe du groseillier, Syrphus ribesii.

Dernière mise à jour : le 7 juin 2021.

Présentation des syrphes

Combien d’entre-nous, ayant vu ces insectes, ont pensé qu’il s’agissait tout bonnement de guêpes ? Effectivement, les syrphes imitent très bien les guêpes et sont souvent confondus et parfois craints par l’homme ! Alors que ce sont des insectes totalement inoffensifs pour l’homme, les syrphes ne piquent pas ! En réalité les syrphes font partie de l’ordre des diptères, c’est à dire que ce sont des mouches ! Les guêpes font quant à elles partie de l’ordre des hyménoptères.

Syrphe aux yeux rayés
Erstalinus taeniops, le syrphe aux yeux rayés

Comment faire la différence entre les syrphes et les guêpes ?

Les syrphes ont cette capacité étonnante de faire du vol statique, ils volent sur place. Ils paraissent ainsi vraiment immobiles dans les airs. C’est un critère qui l’écarte de la guêpe qui n’a pas cette capacité de voler sur place. Vous pouvez tenter cette petite expérience la prochaine fois que vous croisez un syrphe. Lorsqu’il est en vol statique approchez votre main en dessous, sans tenter de le capturer. S’il décide de ne pas s’enfuir, vous verrez qu’il gardera une certaine distance avec votre main. Vous pouvez jouer à monter puis descendre votre main dans les airs, il arrive qu’il vous suive également lorsque vous descendez !

Ensuite, lorsque le syrphe se déplace il est très rapide, si bien que l’on ne le distingue réellement que lorsqu’il revient à une position statique.

Au niveau de la reconnaissance morphologique nous pouvons observer que les yeux des syrphes sont vraiment plus gros que ceux des guêpes. Les syrphes ont également deux ailes contrairement aux guêpes qui en ont quatre. Enfin le syrphe n’est pas pincé à la taille, il n’a pas la « taille de guêpe ». Il existe de nombreuses espèces de syrphes, la majorité imitent la guêpe mais d’autres imitent les abeilles ou encore les bourdons.

les syrphes : Ceriana vespiformis
Ceriana vespiformis ressemble le plus à une guêpe
Microdion devius, un syrphe ressemblant à une abeille
Microdion devius, cette espèce de syrphe imite à merveille une abeille sauvage

Les syrphes au potager

Les syrphes sont des auxiliaires efficaces au potager. Les adultes se nourrissent de nectar et de pollen et participent ainsi à la pollinisation des fleurs. Cependant ce qui est utile au jardinier ce sont plutôt ses larves ! Elles se nourrissent de pucerons : entre 400 et 700 pucerons au cours de leurs vies larvaires.

Le cycle de vie

Lorsque vous voyez des syrphes adultes dans le potager c’est un très bon signe. Les plantes attaquées par des ravageurs émettent des molécules spécifiques (synomones) qui attirent les auxiliaires prédateurs et parasitoïdes. Mais les syrphes sont aussi attirés par l’odeur du miellat, les déjections sucrées des pucerons. Avant de pondre l’adulte va analyser ce miellat, le gouter et décider de pondre ou non un œuf  sur la plante à proximité de la colonie de pucerons.

Contrairement aux coccinelles à 7 points, qui pondent jusqu’à une vingtaine d’œufs groupés, les syrphes pondent un unique et seul œuf, mais multiplient ainsi les lieux de pontes.

Deux à cinq jours après la ponte, les œufs éclosent et chaque nouvelle larve mange quelques pucerons quotidiennement. Lors de son second stade larvaire, soit environ 4 jours après l’éclosion, la larve devient très vorace. En conditions de laboratoire1, le second stade larvaire est plus efficace que la chrysope, la coccinelle a deux points, mais moins que la coccinelle asiatique. Le troisième stade larvaire est aussi vorace mais dure peu de temps pour arriver rapidement au stade pupal. Ainsi par rapport aux autres auxiliaires de la guilde des aphidiphages, le stade larvaire du syrphe est plus court.

les syrphes au potager sont éminemment utiles
Scaeva pirastri au stade larvaire se nourrit d’un puceron ailé
Larve de syrphe parmi des pucerons
Une larve de syrphe parmi des pucerons sur une tige de tanaisie – © Louise in northumberland

Pourquoi ne pas traiter ?

Lorsque les jardiniers font un traitement insecticide contre les pucerons, ils détruisent bien la plupart des pucerons, c’est le but. Mais ils vont aussi détruire les syrphes, surtout ceux aux stades œuf, larvaire et pupe qui ne peuvent s’envoler, ainsi que bien d’autres espèces d’insectes auxiliaires !

Or l’ensemble de ces auxiliaires régule efficacement les populations de ravageurs dont les pucerons. Lorsque les auxiliaires sont détruits la « chaîne de régulation » des ravageurs est rompue.

Les pucerons ont cette faculté de se multiplier très rapidement (par la parthénogenèse), ils colonisent à nouveau les plantes quelques jours (ou semaines) après le traitement. Résultat le jardinier doit retraiter régulièrement ses cultures jusqu’à la récolte. C’est un cercle vicieux qui s’installe !

Le jardinier qui patiente dès le départ aura peut-être quelques dégâts et impacts immédiats sur ses plantes cultivées. Surtout lorsque les pucerons myrmécophiles sont protégés par les fourmis. Mais dans la plupart des cas, la régulation par les auxiliaires est bien plus efficace, plus durable et plus résiliente qu’une intervention chimique par l’homme.

Pour attirer les syrphes, des fleurs !

Il est pourtant assez simple de prévenir les invasions de pucerons, il suffit simplement de favoriser la venue des auxiliaires en fleurissant le potager. Plus il y a une diversité d’espèces végétales, plus grande est la diversité d’auxiliaires, plus ces derniers disposent de ressources pour y puiser des forces. Ainsi ils seront davantage efficaces contre les ravageurs !

Voici quelques idées de plantes à cultiver ou laisser se développer naturellement au potager pour favoriser les auxiliaires dont les syrphes :

  • Bourrache ;
  • camomille allemande ;
  • cosmos ;
  • lavande ;
  • marguerite ;
  • coquelicot ;
  • pavot ;
  • phacélie ;
  • pissenlit etc.

Les syrphes apprécient tout particulièrement les Astéracées et les Apiacées en fleurs comme le fenouil, la carotte, les zinnias, les soucis, la tanaisie etc. Les plantes aromatiques ont quant à elles définitivement leur place au potager car leurs odeurs repoussent certains insectes ravageurs.

Et vous, avez-vous déjà observé des syrphes dans votre potager ? Favorisez-vous leur venue en mettant des fleurs ? Gardez-vous les fleurs naturellement présentes comme les pissenlits ? N’hésitez pas à laisser un petit commentaire.

1 : Durieux D. (2007). Contribution à l’étude des mécanismes de prédation d’Harmonia axyridis responsables de sa plus grande compétitivité au sein de la guilde des aphidiphages.

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Un syrphe sur fleur de phacelie

 

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16 commentaires

  1. Superbe! Voilà qui devrait vraiment inciter les jardiniers à laisser la nature faire la régulation!
    J’observe chaque printemps ce phénomène certaines plantes sont envaghis de pucerons et au bout d’un certains temps, eh bien , le ménage est fait et bien fait!

  2. Article très intéréssant et belle photo de Lucie.

    Je pense que les syrphes sont les auxilliaires les plus utiles et les plus rapides pour ce débarrasser des colonnies de pucerons. Les variantes de formes de larves sont vraiment incroyables d’une espèce à l’autre.

    1. Bonjour Christian,

      Merci pour ton commentaire.

      C’est vrai qu’il y a une très grande diversité de syrphes, le site de Lucie nous montre déjà une bonne diversité.

      Je ne sais pas quels insectes sont les plus efficaces contre les pucerons mais je sais que la diversité d’auxiliaires est très importante.

      Un petit exemple, imaginons qu’il y ait une colonie de fourmis à proximité de plants attaqués par les pucerons. Les fourmis récoltent le miellat des pucerons et protègent ces derniers contre les auxiliaires comme les larves de syrphes. Dans ce cas les larves de syrphes ne pourront pas réguler les populations de pucerons. Or, les guêpes parasitoïdes régulent aussi les pucerons. Elles pondent leurs œufs à l’intérieur des pucerons et sont tellement rapides que les fourmis n’ont pas le temps de défendre les pucerons !

      D’où l’importance de la diversité des auxiliaires, prédateurs et parasitoïdes.

  3. Ping : La tanaisie
  4. Bonjour
    j’ai mis de piège jaunes contre la mouche du cerisier prétendument écologique ,en quelques jours ,avant que je les enlève des milliers de syrphes se ssont engluées ,ces pièges sont présenté partout comme inoffensifs….sous prétexte qu’ils n’attirent pas les abeilles
    et pas une mouche de cerisier (pas encore écloses….)il y a aussi quelque papillons..

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