Le mildiou est une maladie cryptogamique grave de la tomate ! Les conséquences sont telles que vos plants peuvent péricliter en quelques semaines et réduire à néant vos récoltes. Encore faut-il savoir identifier le mildiou et ne pas le confondre avec d’autres maladies comme l’alternariose, la nécrose apicale ou le pied noir de la tomate. Nous allons voir dans un premier comment s’assurer qu’il s’agit bien de cette maladie. Nous verrons ensuite quels actions vous pouvez mettre en œuvre pour lutter contre le mildiou.

Dans cet article : 15 points pour éviter le mildiou de la tomate, je vous ai surtout présenté des techniques préventives pour limiter l’entrée du mildiou en renforçant notamment les défenses de vos plants. Ces techniques prouvent leur efficacité mais lors d’une mauvaise année elles peuvent ne pas être suffisantes.

Mildiou déclaré sur vos tomates, que faire ?

Pour commencer, vous devez réagir vite, car si la maladie est bien présente et les conditions favorables elle va se répandre rapidement et vous risquez de perdre toute votre récolte ! Par contre il est inutile de penser que vous n’aurez jamais de tomates ! J’ai pu lire à quelques reprises sur internet que dès que vos plants attrapent le mildiou c’est fini. Ce genre de propos est un poil pessimiste et exagéré, j’en témoigne par mon expérience et de nombreux jardiniers vous diront la même chose, vous pouvez sauver vos plants et nous allons voir comment.

Première phase : identifier les symptômes du mildiou

Premièrement, identifiez les symptômes de la maladie. Le mildiou est une maladie qui se développe sur toutes les parties du plant. Savoir l’identifier est primordial. Plus vous l’aurez identifié tôt et plus vous sauverez facilement vos plants.

  • Au niveau des feuilles le mildiou démarre souvent à la bordure du limbe. Regardez attentivement chaque foliole.  Le mildiou se manifeste en brunissant la partie supérieure du limbe. La partie malade commence par être verte foncée puis au fur et à mesure devient marron.
  • Regardez la tige, les pétioles et les pédoncules, le mildiou est très reconnaissable car il apparait en formant des tâches de couleur marron.
  • Enfin sur les fruits, il brunit les tomates. J’espère que vous n’en aurez pas ! Car à ce moment là oui il y a des chances pour que ce soit trop tard pour intervenir, mais seulement et seulement si le mildiou est généralisé sur tout le plant. Dans ce cas arrachez votre pied de tomate.
Symptôme de mildiou sur feuille

Voici une attaque du mildiou par l’extrémité du limbe de la feuille. C’est une feuille de pomme de terre, n’ayant pas de photos de feuilles de tomates malades. C’est très ressemblant sur feuille de tomate !

Mildiou sur tige

Sur cette photo vous pouvez voir le mildiou sur la tige du plant de tomate. Le mildiou ne progresse plus, mon plant est sauvé grâce aux fortes chaleurs qu’on a eu durant 2 ou 3 jours durant le mois de juillet. La tâche persiste mais le plant est sain.

Symptôme de mildiou sur pédoncule

On peut observer le mildiou sur une partie du pédoncule. Le mildiou a également cessé d’évoluer après les jours de forte chaleur. Le fruit continu a murir donc la sève passe.

Ne pas confondre le mildiou avec d’autres maladies

Certains jardiniers emploient le mot “mildiou” dès que les plants de tomates ont une maladie. Le mildiou est bien du à un seul champignon qui se nomme Phytophtora infestans.

Il est toutefois possible de le confondre avec d’autres maladies de la tomate qui ont un aspect plus ou moins similaire au mildiou :

  • L’alternariose qui se manifeste sur les feuilles avec des taches nécrotiques circulaires de 4 à 7 mm de diamètre. Les tiges et les pétioles présentent des taches brunes à grises. Les fruits sont attaqués autour du pédoncule et on observe des taches bien noires.
  • La nécrose apicale ou cul noir touche exclusivement le bas de la tomate, autour du stigmate. C’est un symptôme qui peut lui aussi ressembler à l’alternariose, mais il est situé à l’opposé du fruit. Le mildiou démarre quant à lui n’importe où sur le fruit et à un aspect bien plus brun que l’alternariose et la nécrose apicale. Dès que l’on connait bien cette maladie physiologique il est facile de ne plus la confondre avec le mildiou.
  • Le pied noir de la tomate est une maladie due à Didymella lycopersici et se manifeste par une nécrose brune qui encercle la tige au niveau du collet (partie entre la tige et les racines) et remonte sur la tige. L’aspect est semblable au mildiou et il se confond facilement. Toutefois son emplacement très ciblé en bas du plant ne laisse que peu de doutes.

Il est important de savoir différencier le mildiou de ces maladies, car les actions et les traitements éventuels, ne sont seront pas les mêmes.

Deuxième phase : retirer les parties atteintes

Deuxièmement, vous allez devoir retirez les parties malades. A l’aide d’un couteau ou d’un sécateur propre, vous allez passez en revue tous vos plants. Coupez chaque partie contaminée et mettez-la dans un seau. Ne laissez pas les parties malades au pied de vos plants. Cette phase nécessite un peu de temps mais c’est indispensable. Dans le cas où le mildiou a fait le tour de la tige et si vous avez des gourmands sains en amont coupez la tige et laissez les gourmands prendre le relais. Si le mildiou a légèrement attaqué la tige ne coupez pas, et référez-vous aux deux derniers traitements de cet article.

Quelques précautions :

  • Désinfectez vos outils régulièrement à l’alcool à 70°.
  • Je me frotte les mains avec de la menthe poivrée fraîche avant de toucher les plantes, la menthe aide à lutter contre les champignons.
  • Éviter de toucher avec vos mains les parties malades.
  • Coupez toujours au niveau de la partie encore saine, ne coupez pas dans le mildiou, ça ne servira à rien.

Troisième phase : traiter en privilégiant les traitements naturels

En dernier lieu il va falloir traiter pour empêcher le retour du mildiou sur vos plants de tomates. Voici trois traitements utilisables en bio qui empêchent le retour de la maladie :

La décoction de prêle

L’emploi de la décoction de prêle est plutôt recommandé en préventif. Toutefois lorsque les parties contaminées ont étés supprimées elle peut être utilisée pour empêcher les contaminations ultérieures.

La quantité de prêle nécessaire est de 1 kg de plante fraiche pour 10 l d’eau, ou 150 g de plante sèche pour 10 l d’eau. Si vous n’avez que quelques pieds de tomates il est bien entendu inutile de prévoir 1 kg de prêle. Couper la prêle en petits bouts puis porter à ébullition, laisser à feu doux pendant 30 minutes. Laisser refroidir environ 12 heures puis filtrer.

Diluer au cinquième puis pulvériser vos plants de tomates, les deux faces des feuilles, tiges et pédoncules.

La bouillie bordelaise

L’emploi de la bouillie bordelaise suscite des débats passionnés quant à son utilisation. Autorisée en agriculture biologique (avec des limites précises), elle est toutefois reconnue nocive pour la vie du sol (phénomène d’accumulation), toxique pour la personne qui l’applique et pour les personnes qui vont consommer les fruits et légumes traités (s’ils ne sont pas lavés). Elle est également reprotoxique pour l’homme et phytotoxique pour certaines plantes.

C’est pourquoi je recommande de ne pas employer la bouillie bordelaise dans votre jardin potager.

Cependant, si vous décidez tout de même l’utiliser, je me permets de donner quelques recommandations :

  • Divisez toujours par deux la quantité inscrite sur les paquets.
  • Protégez-vous ! Masque et gants obligatoires.
  • Ayez toujours une pression très forte dans votre pulvérisateur.
  • Éviter de créer des ruissèlements sur les tiges.
  • Ajoutez éventuellement un peu d’argile pour que la bouillie bordelaise se fixe mieux sur vos plants.
  • Si de la pluie est prévue reportez à plus tard votre traitement.
  • Enfin, attendez 15 jours entre 2 traitements et 15 jours également pour récolter vos tomates après votre dernier traitement.
  • Lavez bien les fruits avant de les consommer.

Le bicarbonate de soude + savon noir

Mettez dans un litre d’eau 5g de bicarbonate de soude et 1 cuillère à café de savon noir. Pulvérisez.  Le bicarbonate neutralise l’acidité d’un milieu. Le mildiou se développe à un pH plutôt acide. En rendant le milieu défavorable la sporulation du mildiou est freinée. Pour plus d’informations consultez cet article sur le bicarbonate de soude.

Qui a dit qu’on ne pouvait pas guérir le mildiou ?

Nous l’avons vu au niveau des photos, le mildiou est détruit avec de fortes températures. Cultiver vos plants dans une serre permet de bénéficier facilement de cet effet curatif en laissant monter les températures. Seulement quand on débute le potager on a rarement une serre à disposition. Pas de problèmes, des jardiniers et maraîchers ont expérimenté et ont prouvé l’efficacité de traitements naturels qui ont une action curative sur le mildiou.

L’infusion de sauge

La sauge officinale est reconnue pour ses propriétés antifongiques. Des expériences de jardiniers mettent en avant l’infusion de sauge pour un véritable effet curatif sur le mildiou de la tomate en 48h. 200g de feuilles de sauge officinale (ou 150g de sommités fleuries) pour 10l d’eau, porté à 80°C, laisser refroidir, filtrer et pulvériser pur.

Les huiles essentielles : Le Romarin à cinéole

De nombreuses huiles essentielles possèdent des propriétés antifongiques. Parmi celles qui donnent des résultats probants contre le mildiou nous trouvons le romarin à cinéole. Les huiles essentielles n’étant pas miscibles dans l’eau il faut les diluer dans du savon pour faire une émulsion. La quantité est de 20 gouttes d’huiles essentielles pour 5l d’eau (sans oublier le savon).

Pour conclure sur le mildiou de la tomate

J’espère que cet article aura plu et vous permettra de savoir comment identifier et lutter contre le mildiou. Je n’ai jamais testé les deux derniers traitements mais ça ne saurait tarder si le mildiou revenait sur mes plants. Si vous les avez déjà testé où si vous les faites régulièrement n’hésitez pas à témoigner de vos observations et expériences dans les commentaires ci-dessous.

Je recommande également le livre de Nicolas Larzillière, “anti-mildiou”, c’est un guide complet sur la culture de la tomate. Toutes les étapes de culture (Nicolas compte 9 étapes), du semis à la récolte sont détaillées et agrémentées d’une galerie photos pour être plus parlant. Vous apprendrez comment fortifier et protéger les plantes et surtout comment réagir en cas d’attaque du mildiou.

Article mis à jour en août 2020.